Working Mum

« Juste » un rhume…

Maman BCBG blog - Juste un rhume

Il y a quelques temps j’avais besoin de voir une collègue pour lui poser des questions sur un dossier. Ne la trouvant pas dans son bureau, j’ai demandé à la secrétaire de son service où elle se trouvait.

– Chez elle, sa fille est malade

– Oh flûte, rien de grave j’espère ?

– Non, non… c’est « juste » un rhume

Ton condescendant et levage de yeux au ciel de circonstance pour montrer que, clairement, elle abuse cette minette. Non mais c’est vrai quoi, c’est « juste » un rhume… prendre un jour enfant malade pour soigner sa fille de quelques mois pour ça, c’est clairement  too much.
Ok… toi, Secrétaire Blasée, tu n’as pas d’enfants.
Inutile de te poser la question, je le sais. Tu n’en as d’ailleurs même pas dans ton entourage proche, sinon tu n’aurais jamais osé dire que c’est « juste » un rhume, en agitant tes petits doigts manucurés pour matérialiser les guillemets…

Comme cette petite remarque m’a turlupiné toute une journée, et que moi aussi il m’est arrivé plus d’une fois d’être coincée à la maison avec un bébé « juste » enrhumé, j’ai décidé d’essayer de répondre à la question suivante : Pourquoi le rhume est une véritable petite apocalypse domestique, et pourquoi on ne peut pas « juste » dire que c’est « juste » un rhume en sous entendant que c’est trois fois rien…

 

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Pourtant c’est vrai que médicalement parlant, un rhume, ce n’est pas grave.

En effet Le rhume est « une infection fréquente et généralement bénigne des voies aériennes supérieures par un virus. Les symptômes principaux se manifestent par une rhinite une pharyngite, une conjonctivite, des myalgies (douleurs musculaires), de la fatigue, des maux de tête. Il s’agit de l’infection respiratoire la plus fréquente chez les jeunes enfants. » (source Wikipedia) (oui, je ne me suis pas foulée)
Le mode de contagion est très simple également : la toux et les secrétions (salive, morve…) Inutile de dire que ça cartonne dans les crèches, chez les nounous et dans les cours d’école, étant donné la propension qu’ont les enfants à ne pas mettre la main devant la bouche quand ils toussent (pas faute de le leur répéter pourtant), et de frotter leur petit nez morveux un peu partout. Ne parlons même pas de leur inclinaison naturelle à mettre un peu tout et n’importe quoi dans leur petite bouche, y compris, au hasard, lécher les parois de l’ascenseur du RER, une tétine non-identifiée abandonnée sur le sol ou un vieux morceau de pain mâchouillé trouvé dans le hall de l’immeuble. C’est du vécu… (enfin du survécu même, devrais-je dire)

Le traitement est tout aussi simple également, et en général, au deuxième rhume les parents sont rodés. Pas d’antibiotiques, puisqu’il s’agit d’un virus, mais des lavages de nez réguliers (au sérum physiologique, ou avec un léger antiseptique nasal), du sommeil, une bonne hydratation, du doliprane en cas de fièvre et… c’est tout. Plusieurs médecins déconseillent même les sirops contre la toux.
Donc oui, un rhume sans complications, ça passe en quelques jours. Bien sûr, on n’hésite pas à prendre rendez-vous avec son médecin si les symptômes s’aggravent, persistent plus que de raisons, ou si on « sent » que quelque chose cloche, que son enfant n’est pas comme d’habitude. Idem si l’on parle d’un tout petit nourrisson ou d’un enfant souffrant de problèmes respiratoires. Mais bon, un minimum de bon sens suffit en général  à gérer la crise. Alors pourquoi considère-je le rhume comme une calamité domestique, au même titre que la gastro ou les poussées dentaires à 3h du matin ?

Réponse en 7 point.

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Le sommeil

Premier point, et non des moindre, le sommeil. Ou plutôt le manque de sommeil. Ou le sommeil version haché menu-menu par tranches de 20 minutes (ce qui pourrait vous rappeler quelques souvenirs sympas des premières semaines de vie de votre bébé).

Parce qu’un bébé qui a le nez bouché et/ou des quintes de toux est un bébé qui dort mal. Et par ricochet, vous aussi vous dormez mal. Ou pas beaucoup. Ou pas du tout.

Très difficile à endormir, le bébé enrhumé dort aussi souvent sur de plus courtes périodes. Même s’il avait pris l’habitude de faire ses nuits, il va avoir du mal à enchaîner les cycles de sommeil car son nez le gène, ou les quintes de toux le réveillent. Et petit bonus, ce n’est pas comme si du coup il restait paisiblement éveillé… non, en général il chigne, pleure, frotte son petit nez mouillé sur votre épaule et grogne, les yeux bouffis de fatigue, des cernes jusqu’au menton. Un vrai bonheur de se retrouver à promener un petit Golum asthmatique et enragé dans la maisonnée endormie entre 4h et 5h30 du matin, alors que votre réveil sonne… quelques poignées de minutes plus tard.

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La toux

Un simple rhume peut faire tousser votre bébé. Et fragiliser son sommeil donc. Mais pas que. En effet, bien souvent, tousser risque également de faire remonter tout plein de glaires et donc de faire régurgiter votre tout petit. C’est un peu le deuxième effet kiss-pas-cool : non seulement Bébé est patraque, ne peux plus respirer, mais en plus vous vous retrouvez à changer des draps ou des pyjamas à des heures dont l’exotisme est normalement réservé aux épisodes de gastro

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Le mouche-bébé

Votre bébé a le nez plein, qui déborde et l’empêche de respirer. Mais…il ne sait pas encore se moucher. Heureusement l’industrie pharmaceutique a pensé à vous et a inventé le mouche-bébé !!! (hourra.)

Plusieurs modèles existent, mais en général le principe est le même : un embout à introduire dans le nez du bébé, et un autre dans votre bouche pour aspirer les sécrétions nasales de votre tout petit. Bon souvent, il y a également un filtre ou un réservoir pour éviter que la séance d’aspiration ne se transforme en séance de dégustation (bon appétit !) Problème : les bébés détestent se faire aspirer les narines. (En même temps, je les comprends…) S’ensuivent pleurs et hurlements de protestations, contorsions qui font passer la séance de mouche-bébé pour un  exorcisme de force 10, ou regards embués de larmes version « comment peux-tu me faire subir cela? Je croyais que tu m’aimais… »

Il se peut aussi que vous tombiez en rade de filtres une nuit où le nez de votre enfant sera plus bouché que le périphérique un soir de départ en vacances, et vous vous retrouverez alors à remuer l’armoire à pharmacie ou le sac à langer à la recherche d’un qui soit propre…. Avant de vous résoudre à en récupérer un pas trop gluant dans la poubelle de la salle-de-bain… Si par miracle vous avez une réserve de filtres suffisante, alors c’est un bout du mouche-bébé qui vous manquera. Mathématique !

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S’absenter du boulot

Il est 3 heures du matin. Bébé ne dort pas, et vous le savez : demain, inutile de l’amener à la crèche dans cet état. La question du jour enfant malade (pour ceux qui en ont), ou du congé de dernière minute (pour les autres) se pose alors fatalement.

Remarquez, ça c’est si vous travaillez tous les deux. Parce que si vous êtes papa ou maman au foyer, il y a 99% de chance que le rôle de garde malade retombe sur vous.

Sinon il vous faudra déterminer qui, de votre conjoint où vous, se sacrifiera le lendemain matin pour sécher le travail. C’est ainsi que vous pouvez, au milieu de la nuit, vous retrouver à marchander sec avec votre moitié… « Je reçois six candidats en entretien demain, je ne peux pas ne pas y aller ! », « Oui, mais moi j’ai un rendez-vous client crucial, prévu depuis des semaines ! », « Ben oui, mais j’ai une synthèse à rendre à la DRH pour la semaine prochaine, faut absolument que je m’avance », « Ok, mais moi, j’ai réunion avec mes n+1, n+2 jusqu’à mon n+12, je vais trop être grillé si je n’y suis pas »

Une fois la chose tranchée, il faudra encore vous fendre d’un message à votre chef, en dramatisant un minimum l’état de votre enfant, histoire que l’on ne croit pas que vous vous coupez à vos obligations professionnelles « juste » pour vous occuper d’un rhume. L’idéal est d’envoyer un mail au petit matin, histoire de montrer que vous avez vaillamment lutté contre la maladie toute la nuit, et rendu les armes qu’à l’aube naissante… l’utilisation des mots « fièvre », « contagion », « malaria », « je reste joignable sur mon portable » est vivement recommandée.

Après il faudra assumer la reprise du travail, un, deux ou trois jours plus tard, absorber le retard sans sourciller, remercier les collègues qui auront assuré l’intérim en notre absence, mettre les bouchées double pour récupérer le temps perdu… Ce que je trouve normal, hein, rassurez-vous ! C’est juste qu’à l’inverse de congés qui s’anticipent, les jours enfant malade ont le chic de tomber toujours quand il ne faut pas… Et que, personnellement, je me sens vraiment gênée « d’abandonner » mon équipe au dernier moment. Même si la question ne se pose pas, et que nos enfants sont LA priorité, surtout quand ils sont malades, l’inconfort professionnel est une réalité.

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Obtenir un RDV médical

Même si au bout du deuxième ou troisième rhume de votre vie de parents, vous maîtrisez la procédure à adopter, vous n’êtes pas dispensés pour autant d’une petite visite chez le médecin. Tout simplement parce qu’il vous faut une attestation du docteur pour justifier auprès de votre employeur de la nécessité d’être avec votre enfant, ou bien parce que le rhume ne passe pas, ou évolue de manière inquiétante (bronches qui s’encombrent, respiration sifflante, fièvre importante… et j’en passe…)

C’est ainsi qu’on se retrouve, à 7h59 du matin le doigt sur le téléphone, prêt à composer le numéro du standard de Super-Médecin-Traitant, standard qui ouvre à 8h00 précise. Sachant qu’à 8h07 au maximum, les rendez-vous d’urgence de la journée auront été attribués, il s’agit de ne pas se louper. Et si Super-Médecin-Traitant ne peux pas vous recevoir, car elle est overbookée et que votre bébé aura eu la super idée de faire son rhume en même temps que la grippe, la gastro et les diverses angines de la ville, il faudra alors entamer la tournée des médecins du secteur.

Personnellement, je lance les pages-jaunes, et j’appelle tous les cabinets, du plus proche au plus lointain. En cas de désespoir absolu et en l’absence de place pour me recevoir avant le surlendemain  il m’est arrivé une fois de demander à acupuncteur de l’immeuble de faire venir SOS Médecin en soirée.
Depuis que nous avons déménagé, j’ai un cabinet pas bien loin de mon appartement avec plein de plages de visites sans rendez-vous. Mais dans l’idéal, je préfère aller chez Super-Médecin-Traitant, parce qu’elle est cool, qu’elle suit mes enfants quasiment depuis leur naissance, que son associée est gentille, et qu’elle m’écoute quand je parle et que je pose des questions… !

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Aller chez le médecin

Une fois le rendez-vous obtenu, il s’agira de ne pas être en retard. Sachez cependant qu’il y a 99% de chance que votre bébé qui ne dort pas depuis le début de son rhume soit précisément en train de faire sa seule sieste de la journée à l’heure où il vous faudra partir chez le docteur, et ce, quelque soit l’heure du rendez-vous. Loi de Murphy oblige…  Il existe également une probabilité non nulle pour que Bébé régurgite ou fasse dans sa couche dès le seuil de la porte franchie mais bon, on n’est plus à ça près.

Chez le médecin, la partie qu’on redoute le plus en tant que parent, c’est le stationnement plus ou moins long en salle d’attente. Un espace clos, des inconnus et des enfants malades… Miam !

La dernière fois que j’y suis allée les gens ont tordu le nez en me voyant débarquer avec deux enfants. Ça ne s’est pas arrangé quand mon aîné a commencé à escalader tous les sièges libres (et ceux un peu moins libres), et que Bébé Gluon s’est mise à pleurer. Conciliante, j’ai filé mon smartphone au plus grand pour qu’il se tienne tranquille, mais cela a failli tourner au drame lorsqu’il s’est rendu compte que « Youpube » ne marchait pas ici. Heureusement la galerie photo est un bon substitut, cela permet de combler son narcissisme en regardant les centaines de photos et vidéos de lui et de sa sœur que je garde en réserve en cas de déprime matinale dans le RER.
Mais ce qui me préoccupe le plus en général ce sont les miasmes que mes petits sont potentiellement en train de respirer. J’ai toujours l’impression que Petit Quark et Bébé Gluon vont repartir avec des maladies qu’ils n’avaient pas en rentrant… Entre le type qui tousse comme un perdu, la dame dont le ventre gargouille, la jeune fille qui se mouche en feuilletant un Paris Match datant de l’automne 2010… on se croirait à une soirée speed-dating pour virus. Sans parler des jouets et livres pour enfants qui ont dû être léchés et tripotés par tous les petits malades du quartier… brrr…

Enfin lorsque le docteur vous reçoit, il faudra parvenir à sortir le carnet de santé et la carte vitale de son sac d’une main, tout en déshabillant votre enfant de l’autre et en répondant aux questions, ce qui demande un minimum de dextérité. Notez tout de même que, toujours en vertu de la loi de Murphy, si votre conjoint a emprunté votre carte vitale lors du dernier épisode de maladie des enfants, alors, il ne l’aura pas remise dans votre portefeuille.

Une fois que votre petit se sera laissé – ou non – ausculter, vous pourrez le rhabiller et apprendre le nom de la super maladie en « ite » dont il souffre, et qui vous servira à impressionner les collègues autour de la machine à café.

– Au fait, ta fille, ça va mieux ? Qu’est-ce qu’elle avait ?

– Eh ben le médecin avait peur que ce ne soit une trachéo-laryngite doublée d’une sinusite, vu les symptômes, mais en fait, c’était plutôt une rhino-pharyngite …enfin, on n’est pas passé loin de la nasopharyngite asthmatique en tout cas…

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Voir ses enfants malades

Nous l’avons déjà dit, un rhume ce n’est pas grave. C’est pénible pour tout le monde, mais on sait tous que cela va passer. En attendant, aucun parent n’aime voir ses enfants malades. Bébé Gluon me fend le cœur lorsque je la vois essayer vaillamment de reprendre sa respiration, et je suis toute triste de l’entendre tousser et chercher sans succès le sommeil dont elle a tant besoin pour se rétablir. Si je pouvais, je serais malade à sa place, mais, la dernière chose dont un enfant malade a besoin, c’est de voir ses parents flancher. Alors hauts les cœurs!!!

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Voilà, un bébé avec un rhume c’est l’enfer ce n’est vraiment pas aussi facile que cela peut le sembler de l’extérieur.

Donc, au prochain qui nous assène d’un ton docte que « bon, oui, c’est vrai, ton bébé est malade, mais bon c’est « juste » un rhume, ça va roooh » je propose qu’on lui laisse les clés de notre appartement, les enfants à gérer, la liste des docteurs du coin, et qu’on aille hiberner dans la chambre d’hôtel la plus proche !

Et après on verra bien si c’est « JUSTE » un rhume hinhinhin…

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Et vous ? Vous en êtes à combien de maladies en « ites », tous enfants confondus, depuis le début de l’hiver ? Est ce que vous aussi, ça vous énerve qu’on relativise cette petite maladie ? Oui bien est-ce que « rooooh bon, ça va, c’est « juste » un rhume, pas de quoi en pondre un article ! » 😉 (eh ben si)

Non ce n'est pas juste un rhume - Maman BCBG blog

(article initialement publié le 18 janvier 2017…. je vous avais bien dis que j’étais une grosse flemmarde… mais bon j’ai fais des modifications quand même !!!)

109 commentaires sur “« Juste » un rhume…

  1. C’est un calvaire de savoir que notre être le plus cher est malade. Même si le rhume n’est pas une maladie inquiétante c’est dur de voir son enfant qui a du mal à respirer. Quand mon enfant a un comportement inhabituel ou que sa température s’élève un peu, je préfère l’emmener direct chez son pédiatre afin que je sois tranquille.

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  2. Comme c est vrai ! Devoir s absenter car son enfant a besoin de nous et surtout le manque de sommeil.. ou comment rendre chaque tache plus difficile. Courage à tous les parents qui passent par ici dont les précieuses Minutes de repos seront salvatrices! PS vous n êtes pas seuls …

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  3. Je comprends que c’est usant quand le bébé enchaîne les rhumes et qu’on doit aller bosser le lendemain après une nuit quasi blanche, j’ai moi-même une dette de sommeil assez énorme depuis la naissance de ma fille et à chaque début de nez qui coule je soupire d’avance à l’idée des nuits (et journées de boulot) à venir. En revanche je ne suis pas d’accord du tout avec le début de l’article, et le ton moqueur/condescendant employé envers la « secrétaire blasée aux ongles parfaits sans enfant ». Et alors? Si elle n’a pas d’enfant et a fu temps pour elle, tant mieux non? Pourquoi toujours ce mépris de ceux qui n’ont pas d’enfant (« tu peux pas comprendre, t’as pas d’enfant »)?
    Pour la plupart des couples Français, avoir un enfant c’est un choix (pas toujours éclairé certes, mais un choix). On prend ce choix en connaissance de cause, en sachant qu’on dormira mal, en sachant qu’on ne pourra peut-être plus voyager autant, qu’on n’aura plus de temps pour soi. C’est un sacrifice d’une partie de sa propre vie, qu’on prend volontairement. On ne peut pas demander aux autres d’assumer notre choix pour nous.
    J’ai une voisine qui a une dizaine de chats, et si elle venait me dire « non mais tu peux pas comprendre à quel point c’est galère, vient vivre ma vie 1 semaine tu verras! » je lui rirais au nez, car elle a choisi cette vie et je n’ai pas à en assumer les conséquences.
    Pour toi un rhume, c’est une calamité domestique (et je comprends, étant déjà insomniaque avant ma grossesse, chaque heure de sommeil compte!), mais pour beaucoup, parents ou non, c’est un non-événement tout à fait gérable. Peut-être que cette secrétaire est juste conne et manque d’empathie, mais ça n’a rien à voir avec le fait d’avoir des enfants ou non, et j’ai de plus en plus de mal à supporter ce mépris (ou jalousie) des mères envers celles qui ne le sont pas. La sororité, c’est important…

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