Tranche de vie

Il y a un truc qui cloche…

Maman BCBG blog - Enfants silencieux

Ce sentiment, tenace, ne m’a pas lâché du week-end.

Cette impression désagréable d’oublier quelque chose m’a poursuivi toute la journée du samedi, sans que je parvienne à identifier de quoi il s’agissait.
Dimanche, je tournais toujours en rond, légèrement désorientée, incapable de mettre le doigt sur ce qui me tracassait.

Mon cerveau, en alerte, n’arrêtait pas de me répéter : « Il y a un truc qui cloche. Tu le sais. Tu le sens. Ce n’est pas comme d’habitude. »

Méthodique, j’ai donc entrepris de passer l’appartement au peigne fin.

Petit passage dans la cuisine. S’il y a bien une pièce où il y a toujours un truc à faire, c’est celle-ci ! Pourtant, le frigo est plein des courses faites la veille. J’ai même pensé à acheter de quoi tester cette recette de gâteau nantais qui me faisait envie sur Pinterest, et réussi à faire un Tatziki maison absolument délicieux et un thon à la crème (vieille recette familiale) ma foi pas mauvais du tout.
C’est vrai que la logistique est bien simplifiée maintenant que notre petite dernière mange comme nous… Il faudrait d’ailleurs que je descende les derniers biberons à la cave, mais ce n’est pas vraiment urgent. Ils prennent la poussière gentiment, à côté du dernier petit pot acheté il y a des mois, avant qu’elle ne décrète qu’elle ne voulait plus jamais en manger, et que dorénavant elle préférait les coquillettes.

Je passe au salon, pour une fois pas trop en désordre. Presque tous les coussins sont sur le canapé, ce qui tient de l’exploit. Nestor, notre aspirateur robot, traque les dernières miettes d’un gâteau prince nomade. Mes livres dans la bibliothèque sont toujours dans l’ordre…fini le temps où il fallait que je les reclasse cinq fois par semaine ! Idem pour les jeux de sociétés, que personne n’a mélangé depuis des jours. Même les DVD sont bien sagement alignés dans l’étagère.

Petit coup d’œil inquiet sur la table de la salle à manger, qui sert de zone de stockage à la paperasse de la semaine… À tous les coups, ce que j’ai oublié se situe dans cette zone.
Eh bien… non. Pour une fois, les inscriptions au centre de loisirs sont à jour. Les factures aussi. Et Papa-pas-BCBG a géré de A à Z l’inscription de Bébé Gluon à l’école, du rendez-vous avec la mairie au rendez-vous avec la directrice, en passant par la constitution du dossier administratif… Donc notre fille est inscrite à l’école sans que j’y sois absolument pour rien. Et c’est très bien comme ça.

Rien à signaler non plus dans le couloir et les toilettes, je bifurque vers la salle de bain, légèrement sur la défensive.

Curieux… il y a bien une machine qui tourne et qu’il faudra étendre, mais le panier de linge est presque vide. C’est vrai que la journée de télétravail du jeudi de Papa-pas-BCBG permet d’étaler plus agréablement les lessives, et de ne pas se retrouver avec huit machines à lancer et à étendre en fin de semaine. Mais d’habitude c’est un peu une des activités phare du week-end, ça me fait bizarre d’être « à jour » de ce côté-là. Les petits se salissent (un peu) moins il faut dire aussi, ça aide !

Désorientée, je me dirige vers notre chambre. Ah oui, c’est vrai, il y a ces deux lès de papier-peint que je voudrais poser depuis… humpf…. environ deux mois. Mais bon, comparé aux rideaux qu’il faut accrocher depuis deux ans, on va dire que ce n’est pas bien critique.
Les draps ont étés changés ce matin. Ce soir je me laverais les cheveux et mettrais un pyjama propre pour profiter d’une des meilleures sensations au monde : être toute propre dans un lit tout propre ! Chic, j’ai presque hâte d’y être ! Mais pour être honnête, les nuits hachées et raccourcies par les réveils sont quand même devenues une exception dans notre routine, et je réalise, un peu interloquée, que je ne suis presque plus carencée en sommeil.
En effet le matin, Petit Quark qui connait maintenant bien ses chiffres attend jusqu’à 7h la semaine, et 8h le week-end, avant de grimper sur notre lit nous raconter ses rêves de la nuit et nous poser les questions métaphysiques qui le taraudent (« Comment on fait pour tomber au ralenti comme dans les films, hein maman ?« )
Et quel changement surtout de se coucher le soir et de se dire qu’à priori, sauf cauchemar ou maladie, on dormira d’une traite jusqu’au matin ! Je n’avais pas vraiment fait attention non plus à l’amélioration progressive des couchers des enfants… le rituel pré-endormissement est maintenant bien calé, et n’inclus plus vingt minutes de hurlements de colère de Bébé Gluon au fond de son lit… ni dix-huit relevages intempestifs de Petit Quark, qui n’a pas résisté à la suppression de la sieste chez les moyennes section cette année.

Je me dirige à pas de loup vers les chambres des petits. Sûr de sûr, si je n’ai rien à faire à la cuisine, rien à ranger dans le salon, rien à laver dans la salle de bain, pas de sieste à tenter pour récupérer un peu de sommeil, ce qui me turlupine doit forcément se trouver du côté des enfants…!
Je jette un œil circonspect par la porte entrouverte.

Ils jouent.
Tous les deux.
(Presque) calmement.
Petit Quark a construit une improbable structure en kapla, avec des ponts et des tunnels à n’en plus finir, et avec sa sœur ils y font circuler toutes les petites voitures qu’ils possèdent, les unes après les autres.
Alors bien sûr la petite se fait sermonner par son frère dès qu’elle fait tomber un morceau de bois (c’est à dire toutes les trente secondes environ) et pas dit que dans quelques minutes ils ne préféreront pas gribouiller sur les murs avec les crayons de couleurs (oui, c’est du vécu), mais en attendant je les observe, un peu émue, jouer pour de vrai ensemble.
Bébé Gluon a fait des progrès pour parler, et elle est maintenant capable de lancer de péremptoires « Mais on PARTAGE !!! » quand Petit Quark s’insurge du fait qu’elle ait osé toucher un de ses jouets, ce qui a grandement équilibré leur relation.
Je les vois maintenant souvent rire ensemble en jouant. Même si je fais parfois semblant de ne pas entendre que, s’ils sont hilares depuis dix minutes, c’est parcequ’il répètent en boucle « petites fesses !!!! » aux voitures qui passent en bas de nos fenêtres (fermées hein, les fenêtres, j’ai pitié des voisins). (Mais quand même, avouons-le, l’humour version cinq ans, ça te ferait passer une blague carambar pour du Devos sans aucun souci !)
Et ça… ça fait du bien.

Je rebrousse chemin, un sourire aux lèvres, et me retrouve à mon point de départ dans l’appartement.
C’est vrai, ce n’est pas comme d’habitude.
Quelque chose a changé.
Je suis moins occupée, moins sollicitée, moins fatiguée qu’avant.
Même la corvée dominicale d’aller au parc me semble une perspective (presque, faut pas pousser non plus 😉 ) sympa.

Je m’affale sur le canapé, à côté de Papa-pas-BCBG qui me regarde tournicoter depuis tout à l’heure.

– Ça y est ? Tu as retrouvé ce que tu devais faire ?
– Oui.
– C’était quoi ?

J’attrape le livre que je suis en train de lire, l’ouvre à la bonne page et me cale confortablement dans les coussins. Au loin j’entends les petits qui s’amusent. Un rayon de soleil traverse l’appartement presque rangé, et l’odeur de mon café encore chaud me chatouille les narines.

– Oh juste un truc que j’avais un peu oublié ces derniers temps : 

Profiter.

*** *** ***

Et vous ? Constatez-vous aussi une amélioration lorsque les enfants grandissent ? Avez-vous aussi un peu l’impression d’entrapercevoir « le bout du tunnel » de la petite enfance ? Et pour les parents les plus expérimentés d’entre nous, qu’y a-t-il derrière ce tunnel ?

58 commentaires sur “Il y a un truc qui cloche…

  1. Super cet article ! Alors j’ai connu il y a peu le début de cette sensation de bout du tunnel et là, nous avons décidé d’avoir un petit 3ème (alors que les 2 aînés garçon/fille avaient pile l’âge des vôtres…) !!!!! Grande joie bien sûr mais folie aussi d’y retourner. J’avoue que la fatigue est intense. Il a 6 mois et je suis dans un état de fatigue intense. Je rêve d’une nuit complète et d’une journée sans mes enfants pour enfin souffler. Je suis à bout très souvent. Et en meme temps, je sais bien que d’ici qqs temps, j’en viendrai à regretter leurs années de petite enfance. Le paradoxe des mamans ! Mais comme c’est épuisant… Si l’envie du 3ème vous prend, réfléchissez bien avant quand même !!

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  2. Je me fais cette réflexion treeeeeeeès souvent. Et je me dis que je ne reviendrais plus en arrière. C’est un bon moyen de faire le deuil d’une nouvelle maternité: prendre conscience de tout ce qui se simplifie avec le temps. Moi aussi j’apprécie cette logistique qui s’allège. J’ai la sensation que chaque chose est à sa place dans ces moments. Surtout mon rôle de maman. Merci pour cet article!!

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    1. Oui je trouve aussi ce sentiment de plus en plus souvent : l’impression que chaque chose, chaque membre de la famille trouve petit à petit sa place… Après je crois qu’il est trop tôt encore pour moi pour réussir à savoir si…nous sommes au complet à nous quatre… !

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  3. Quel suspense ! Et quel bonheur effectivement tu dois ressentir… je dis bien dois, car je ne suis pas sûre d’avoir déjà expérimenté ce sentiment. Mais quand je n’entends pas de bruit et que le salon est enfin instagrammable (pour 10mn max), même si le panier à linge déborde c’est déjà tellement fantastique !

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  4. Même ressenti ! Il y a quelques semaines, on buvait tranquillement un café le dimanche avec mon mari et on s’est surpris à l’avoir bu chaud et à bavarder sans avoir été interrompu. Les deux grands jouent bien ensemble depuis longtemps, s’inventent leurs histoires, négocient et la benjamine les observe ou joue à côté d’eux ou s’occupe toute seule de plus en plus longtemps… C’est tellement agréable. Je ne suis vraiment pas nostalgique de la phase bébé.

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  5. Ca me fait rire, au début de mon blog j’ai écrit un article qui me tient très à coeur, sur ce sujet là, et je me revois à l’époque vous dire « les filles promis…un jour vous y serez, et vous verrez ça deviendra plus simple et vous pourrez reprendre du temps pour vous ». Tellement ravie que tu y sois! PROFITES!!!

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  6. spoiler : après il y a … l’adolescence !!! non mais en vrai c’est quand même plus calme. c’est juste qu’il faut faire face aux humeurs changeantes de ces petites personnes ( 12 ans et demi ici) et du fait que leur timing n’est pas du tout le notre… mais ça ne m’empêche pas de prendre un bouquin en pleine après midi !!!

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  7. Ici nous connaissons ça depuis quelques mois/semaines avec nos 2 enfants de 3 et 5 ans et demi. Le vrai changement ça a été quand on a commencé à avoir plus de nuits complètes que de nuits hachées avec réveil à l’aube surtout le week-end.
    Mais comme nous sommes (au choix) fous- amnésiques- joueurs d’ici quelques jours cette douce quiétude ne sera plus qu’un lointain souvenir car bb3 va pointer le bout de son nez sous peu. 😴🤰La différence, en tout cas c’est ce que je me dis pour me rassurer, c’est que maintenant on sait que cette période ne durera pas toute la vie 🙄

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  8. La joie de lire ça ! Fatigue extrême ici avec nos 2 de 3 ans et demi et bientôt 1 an… Les nuits s’améliorent mais impossible de se poser 1 minute ou d’avoir une conversation. Merci, ça fait tellement bien de savoir que ça va passer ! On parle beaucoup des bébés mais on trouve peu de témoignages de parents quand les enfants grandissent je trouve ! Bon allez, en attendant je vais profiter des petits cous tous chauds et de ces jolies premières découvertes, en me disant qu’un jour je ne serai plus épuisée !

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    1. Effectivement 3 ans et demi et 1 an, c’est encore un sacré rythme…. courage, votre grand sera de plus en plus autonome, et le numéro 2 aussi… et un jour vous pourrez vous poser cinq minutes sans en avoir un dans les pattes, et puis après dix, un quart d’heure…. promis 🙂

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  9. Ici 2 fois 9 ans et 7 ans cela fait plusieurs années que je me dis qu’on est vraiment heureux avec nos loustics grandis! Ouf la toute petite enfance avec 3 bambins est derrière nous!! Qu’est ce qu’il y a après? Il y a des repas de grands où tout le monde se régale, il y a des discussions à construire le monde, il y a des challenges sportifs, il y a du jardinage ou du bricolage avec des enfants qui sont d’une aide super efficace
    Il y a des spectacles, des concerts où nous allons en famille et où tout le monde en profite… Il y a de l’enthousiasme et de la joie à partager des moments ensemble.

    Et il y a ce premier soir où, les enfants couchés, on les laisse dormir pour se faire un resto à 2… Et là, là on touche du doigt le paradis et on chante à tue tete libérés délivrés pas d’babysitter à racompagner!!!

    J’appréhende l’adolescence mais il y a avant ça, une belle longue période d’age « primaire » qui est pour moi l’age d’or de l’enfance!

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    1. Whaou…. en tout cas, cela fait rêver ce que vous en dites… d’autant plus que j’ai l’impression de commencer à entrapercevoir tout ce que peuvent être ces vrais moments de partage en famille… merci pour ces mots !

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  10. Hahaha! Merci pour ces phrases superbement écrites ! Comment je m’y retrouve en effet !
    Même avec les fragilités émotionnelles de F.à gérer il est incontestable que NOUS N’AVONS PLUS DE BÉBÉ À LA MAISON !!! entre le chargement de la voiture nettement facilité (sans poussette-lit parapluie-cageot et seau à couches lavables), le fait qu’on n’a plus besoin de prendre en compte l’horaire de sieste, et leur capacité à s’occuper seuls les matins de week-end…
    C’est un des trucs qui me chagrinent dans le fait que numéro 3 se fait prier pour venir nous rejoindre : plus ça avance plus je me dis qu’ensuite le choc risque d’être sacrément dur : « retour à Babyland » naaaaan!!!!

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    1. Ah mais oui, je n’ai même pas parlé de tout ce qui était simplifié en dehors de la maison !!! J’ai déjà testé un weekend juste avec mon fils, deux billets de train, un sac à dos et hop, un week-end chez ma grand mère, sans rien à trimbaler d’autre que les couches pour les nuits… le rêve !
      C’est vrai que du coup je comprends l’appréhension de retourner tardivement à Babyland… d’autre part peut-être que plus les frères et soeurs sont grands, plus cela sera simple de se consacrer à un nourrisson ? J’ai quatorze ans d’écart avec sœur n°5 (et elle a 7 ans d’écarts avec soeur n°4) et du coup on était 4 « grands » pour s’occuper d’elle c’était chouette aussi… différent, mais chouette.

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  11. On commence à connaître ce sentiment mais pour ma part, je ne sais plus comment on profite alors lorsque j’ai qqs minutes bizarrement ça m’angoisse.
    J’aime beaucoup ton article que seuls les parents peuvent comprendre.
    A bientôt.

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    1. Merci beaucoup! Au début aussi ça me faisait bizarre, d’où cette sensation de « tourner en rond », de ne pas trop savoir quoi faire, de me sentir pas à ma place à juste me poser pour ne rien faire… et puis on s’habitue très vite ! 😉

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  12. Ah ah, ici, comme Sophinette, alors qu’on aurait pu approcher de cette phase bénie, on s’est dit qu’un p’tit troisième nous permettrait de rester dans le bain ;-).
    Allez, moi aussi, un jour je goutterais au calme ^_^, il parait que 40 ans est le nouveau 20, plus que 10 ans …

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    1. Merci !!! Ah oui, le grand huit ça me parle aussi… j’imagine que c’est comme le développement des enfants : jamais linéaire, et sujet à de brusques retours en arrière… l’important, on va dire que c’est la tendance globale hein ? 😀

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  13. Quel bel article ! Je ne sais même plus si je t’ai mis un mot ici…en tout cas MERCI, car quand je l’ai lu c’était justement une de ces journées où…je n’en pouvais plus. Merci pour cette lueur d’espoir, du coup ça m’a motivée pour finir et publier l’article qui me trottait dans la tête depuis un moment… !!

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  14. 2 enfants de 3,5 ans, et je sens que le quotidien est plus facile, moins lourd. Même si ce n’est pas évident tous les jours, même si les nuits sont toujours chaotiques, les minis s’entendent bien, jouent ensemble, font des choses tout seuls. On a viré la poussette, ils mangent seuls, mon salon ne ressemble pas à une salle de jeux. Ils grandissent les bébés…

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