Cinquième case… ça c’est vraiment quelque chose qui me manque…
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Il parait qu’en inuktitut il existe des dizaines de mots différents pour désigner la neige et la glace, même si les linguistes et anthropologues ne sont pas tous d’accord.
En français nous en avons trois : « neige », « poudreuse » et « soupe ».
Bon j’exagère un peu, il doit bien y avoir un ou deux « verglas » ou « congère » qui traînent par là…!
Cette pauvreté de vocabulaire ne change rien à mon amour absolu de cette matière blanche et duveteuse qui fait chaque année le malheur des automobilistes parisiens.
Oui, je vous l’accorde, en ville, cette froide manne céleste est bien pénible…. voitures et transports peinent à se mouvoir, on glisse facilement sur les trottoirs et bien vite le sol ressemble à une gadoue triste et sale pas franchement réjouissante.
Heureusement, j’ai des souvenirs de montagne enneigée plein la tête.
Petite, lorsque la météo annonçait de la neige, je m’endormais avec l’espoir secret que le lendemain il aurait trop neigé pour pouvoir aller à l’école… Au matin, j’ouvrais mes volets les yeux fermés.
Paupières closes, j’essayais de deviner à l’odeur et au froid s’il avait vraiment neigé cette nuit ou non…puis j’ouvrais les yeux d’un coup.
Quelle déception quand je ne voyais que le jardin gris et humide.
Mais quand tout était blanc quelle fête !
Avec mes frères et sœurs nous nous habillions en quatrième vitesse avec les combinaisons et chaussures de bric et de broc héritées de nos cousins et cousines. Puis dehors nous explorions le jardin, comme si, ce dernier rendu nouveau par la neige, il nous fallait le redécouvrir entièrement.
Les arbres nus étaient tout cotonneux, les sons assourdis rendaient l’atmosphère mystérieuse… tout était blanc, propre, silencieux. La neige crissait sous nos pas, ou tombait sourdement des branches des sapins, les flocons tourbillonnaient doucement et adoucissaient le paysage.
Et il y avait tant à faire !
Trouver la plus grande stalactite d’eau gelée, la goûter aussi même si c’était fade et froid. Dévaler les pentes en luge ou en roulant carrément à même la poudreuse… Faire des anges et des bonhommes de neige, et des igloos qui ressemblaient plus à des terriers qu’à autre chose. Pester car systématiquement la neige s’infiltrait dans l’espace laissé entre nos gants et notre combinaison, perdre parfois une Moon Boot en essayant de marcher trop vite dans la neige qui nous arrivait plus haut que les genoux..
Et puis rentrer, les joues glacées et le souffle court se réchauffer près de la cheminée.
Je me souviens d’une année ou notre papa nous avait fait un véritable circuit pour notre luge. Avec lui nous avions damé la neige plusieurs jours d’affilé afin de former un immense entonnoir qui débouchait sur une longue piste parcourant toute la prairie…
Je revois encore le pauvre Moustique (sœur n°2) dévaler en hurlant la pente, sur notre énorme luge rouge, et traverser un rideau de sapin avant de tomber deux mètres plus bas sur le petit chemin de terre derrière le délaissé. Plus de peur que de mal heureusement 😉
C’est sûrement un plaisir de l’hiver qui me manque le plus aujourd’hui… ne pas pouvoir respirer à plein poumons l’air de la montagne, et regarder les montagnes et les champs enneigés… et surtout, j’ai un petit pincement au cœur quand je regarde mes deux enfants des villes, qui grandissent sans avoir eu ma chance d’un jardin à la montagne…
Je me console en me disant qu’un jour, je les emmènerai découvrir tout cela, que nous ferons de la luge ensemble et que je leur apprendrai à faire une fausse piste d’empreintes en marchant à l’envers.
En attendant, je continue de fermer les yeux en ouvrant mes rideaux les matins où ils annoncent de la neige.
Tu viens de me ramener un souvenir cher à mon coeur.
Dormir bien au chaud dans le chalet familial
Me réveiller, sentir quelque chose de différent dans l’air… Avoir l’intuition de… ouvrir les volets et découvrir que de la neige fraiche est là, tombée pendant la nuit, tombant encore.
Sortir de la maison, marché dans un monde ou tout est blanc, assourdi comme dans du coton.
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L’été dernier, je suis allée à une fête de famille dans le village en question. Je n’y était pas retourné depuis une douzaine d’année.
En arrivant dans ‘mes montagnes’ avec mon mari et mes enfants, j’ai réalisé à quel point ces paysages me manquaient. Depuis les souvenirs affluent en nombre. Ma montagne est belle. Ma montagne me manque. Je ferai découvrir ma montagne à mes enfants.
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Merci pour cette case pleine de douceurs qui me renvoie à un des plus beaux pans de mon enfance !
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Oooh… tu m’as transporté également dans ce chalet avec toi ! Découvrir au matin un paysage transformé par la neige, c’est vraiment quelque chose… 🙂
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Quel joli texte… c’est un plaisir de les découvrir chaque matin.
Je n’ai vu malheureusement qu’une fois de la neige tomber à ma porte. Chaque année, je croisais les doigt pour que Dame Nature en fasse tomber, en vain. J’en étais si triste qu’il me tardait qu’une chose : retrouver mes grands-parents dans cette ancienne maison montagnarde pour faire de la luge. Et pour ne pas ce fatiguer, notre beau Bull Terrier se chargeait de la rapatrier en haut de la pente !
Au plaisir d’ouvrir les prochaines cases,
Belle journée.
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Tellement génial d’avoir un compagnon à quatre pattes pour remonter la luge !!
Merci pour ce gentil commentaire en tout cas !
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❄️💙❄️💙❄️💙❄️
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